de MParet » 04 Fév 2007, 15:43
"Regrets éternels" de Philippe de Lachèze-Murel
L'analyse de Michèle Paret:
Et voilà encore un photographe qui regrette le bon vieux temps de l’argentique, enterre son reflex devenu obsolète en lui adressant des regrets éternels et dépose des fleurs à ses pieds… Mais oui, il va bien falloir s’y faire, la diapo va rejoindre les musées et ceux qui s’accrochent au passé seront bientôt des dinosaures exposés dans une galerie de paléontologie. Rien ne pourra arrêter le progrès… Les premiers transistors avaient en leur temps détrôné le poste de TSF, il y avait sans doute des nostalgiques… Philippe a réalisé un montage très original. On a l’impression de voir défiler devant soi un film 24x36, c’est un déroulement de bande : depuis l’introduction de la pellicule jusqu’au rembobinage final d’une pellicule virtuelle. Les effets sont excellents. Le générique lui-même est plein d’originalité… sans instruments numériques et informatiques, on ne pouvait pas créer de tels effets, alors "querelle des anciens et des modernes" ? Le texte qui accompagne ces images ou plutôt j’allais dire cette image est plein de nostalgie, de mélancolie et de sensibilité. Cependant, l’auteur ne tombe pas dans la banalité et les idées toutes faites. Au départ, son texte ressemble à un mode d’emploi, il n’emploie que des infinitifs "choisir la pellicule qui convient à la prise de vue, l’introduire etc…", on retrouve les gestes familiers accomplis tant de fois et pendant tant d’années. Le geste avait quelque chose de sensuel. Bien sûr, l’auteur retrace toutes les étapes et l’attente fiévreuse du résultat, ce que nous avons tous vécu. Une page est tournée, il faut aller de l’avant sans renier ses amours passées. Etes-vous sûr que le photographe "numérique" n’attend pas avec autant d’amour le résultat ? Certes, la tâche est plus facile, moins onéreuse, mais je ne suis pas tout à fait d’accord quand Philippe dit que c’est "une pratique économique et sans âme". Si le photographe reste maître de son art, il continuera à éprouver un réel plaisir à l’exercer. La relation du photographe à sa machine a évolué : signe de notre temps, il faut le résultat tout de suite, mais il continue à coller son oeil au viseur, à caresser le boîtier et à choisir la sensibilité (ce mot n’est peut-être pas là par hasard). Philippe garde beaucoup de tendresse pour son vieux reflex, mais je suis persuadée que son nouveau reflex répond à ses attentes.
[size=150][b] "Regrets éternels" de Philippe de Lachèze-Murel
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[b]L'analyse de Michèle Paret:
Et voilà encore un photographe qui regrette le bon vieux temps de l’argentique, enterre son reflex devenu obsolète en lui adressant des regrets éternels et dépose des fleurs à ses pieds… Mais oui, il va bien falloir s’y faire, la diapo va rejoindre les musées et ceux qui s’accrochent au passé seront bientôt des dinosaures exposés dans une galerie de paléontologie. Rien ne pourra arrêter le progrès… Les premiers transistors avaient en leur temps détrôné le poste de TSF, il y avait sans doute des nostalgiques… Philippe a réalisé un montage très original. On a l’impression de voir défiler devant soi un film 24x36, c’est un déroulement de bande : depuis l’introduction de la pellicule jusqu’au rembobinage final d’une pellicule virtuelle. Les effets sont excellents. Le générique lui-même est plein d’originalité… sans instruments numériques et informatiques, on ne pouvait pas créer de tels effets, alors "querelle des anciens et des modernes" ? Le texte qui accompagne ces images ou plutôt j’allais dire cette image est plein de nostalgie, de mélancolie et de sensibilité. Cependant, l’auteur ne tombe pas dans la banalité et les idées toutes faites. Au départ, son texte ressemble à un mode d’emploi, il n’emploie que des infinitifs "choisir la pellicule qui convient à la prise de vue, l’introduire etc…", on retrouve les gestes familiers accomplis tant de fois et pendant tant d’années. Le geste avait quelque chose de sensuel. Bien sûr, l’auteur retrace toutes les étapes et l’attente fiévreuse du résultat, ce que nous avons tous vécu. Une page est tournée, il faut aller de l’avant sans renier ses amours passées. Etes-vous sûr que le photographe "numérique" n’attend pas avec autant d’amour le résultat ? Certes, la tâche est plus facile, moins onéreuse, mais je ne suis pas tout à fait d’accord quand Philippe dit que c’est "une pratique économique et sans âme". Si le photographe reste maître de son art, il continuera à éprouver un réel plaisir à l’exercer. La relation du photographe à sa machine a évolué : signe de notre temps, il faut le résultat tout de suite, mais il continue à coller son oeil au viseur, à caresser le boîtier et à choisir la sensibilité (ce mot n’est peut-être pas là par hasard). Philippe garde beaucoup de tendresse pour son vieux reflex, mais je suis persuadée que son nouveau reflex répond à ses attentes.
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