
L'analyse de Michèle Paret:
Les entrailles de la terre sont grandes ouvertes au fond du cratère du Kawa Ijen. Il ne s'en échappe pas des coulées de lave, mais des torrents de soufre visqueux qui se solidifie au contact de l'air et prend des teintes jaunes et orangées. Cela donne des concrétions à la beauté indescriptible. Le lac au fond, c'est de l'acide pur… une vision envoûtante de l'enfer. J'y suis descendue, dans ce cratère indonésien et lorsque j'ai dû quitter le site, j'ai eu du mal à m'en détacher, tant il est fabuleux. Les images de Jean Zucchet sont excellentes et traduisent bien l'ambiance des lieux. Seule manque l'odeur pestilentielle qui rôde. Et puis, il y a cette longue procession de porteurs aux pieds nus, aux poumons rongés par l'acide et qui triment comme de beaux diables pour remonter le précieux soufre qui remplira les poches des riches industriels contre quelques poignées de roupies ou de dollars à ces forçats indonésiens… avec la certitude d'une mort prématurée. C'est vrai qu'ils portent leur croix, leur calvaire est bien transmis. Les images des longues colonnes qui remontent à la surface, telles des lucioles traduisent bien l'ambiance. Les extraits de la 1ère symphonie de Mahler accentuent le poids de la misère. La pauvreté à Java, c'est malheureusement le lot de chacun et les porteurs de soufre, malgré ce qu'ils endurent ne sont pas les plus démunis. Ils se battent pour conserver, en dépit des risques encourus, leur emploi relativement bien rémunéré et convoité par ceux qui gagnent encore moins qu'eux. On pourrait extraire et remonter la précieuse matière mécaniquement, mais que deviendraient-ils ? Ils tomberaient encore plus bas. C'est un superbe diaporama qui aurait mérité une meilleure diction pour le texte.