"Je suis" de Hervé Séguret

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« Je suis » de Hervé Séguret

Voilà un diaporama que j’ai vu, revu et re- revu, j’ai même eu à le « juger » naguère dans un festival. Qu’on aime ou que l’on n’aime pas, là n’est pas la question, c’est une œuvre qui ne peut laisser indifférent.
Pour ce qui me concerne, il me laisse un goût étrange et amer dans la bouche, un sentiment de malaise, de mal-être. Je ne voudrais pas faire de (psych)analyse à deux sous, n’étant pas spécialiste en la matière, mais je suis persuadée qu’il est rempli de symboles, aucune image n’est gratuite et renferme un sens profond. Je n’ai pas pu m’empêcher de le rapprocher de « Jusqu’ici tout va bien » du même auteur et qui m’avait laissé la même impression. Chacun pourra sans doute y voir sa propre interprétation et Hervé a lui aussi la sienne qu’il nous révélera ou non.
C’est un diaporama qui dénote d’une grande maîtrise de l’image, du son et du montage, vraiment créatif. Il est court, mais percutant et énigmatique à souhait. Plus je le vois et plus je découvre de symboles. J’y vois un homme mal dans son être qui souffre et a besoin d’exorciser de vieux démons. Les stigmates de l’enfance sont très nets et douloureux, c’est à sa mère qu’il s’adresse, ceci est révélé clairement à la fin : « I am a man » dont les lettres se déplacent jusqu’à former le mot « maman » du côté du cœur, fort belle idée qui dévoile le sens profond du diaporama. Est-ce là un reproche adressé à la mère qui n’a pas su reconnaître l’homme en son fils et tout d’abord dans le petit garçon qu’il a été ? Ceci semble évoqué avec la photo de classe entrevue au début. Ravages dus à la personnalité d’une mère envahissante et castratrice ? Cette hypothèse m’est venue à l’esprit en voyant l’image d’une vitre percée par une balle juste à l’endroit du sexe. En tout cas, cet homme qui se cherche est tombé, en proie à toutes sortes de maléfices, la drogue aussi. Il crie, cache son visage.
Le passage dans l’église pose aussi question, critique de la religion ? Il sort le calice du tabernacle et boit… devra-t-il boire le calice jusqu’à la lie ?
A la fin du diaporama, il se couche sur le sol en position fœtale, manipulé par les fils d’une marionnette, sa mère ? Ensuite les fils disparaissent et la croix est posée sur son corps : celle qu’il aura portée toute sa vie ?
D’après le titre : « Je suis », l’homme dont il est question cherche à prouver sa propre existence et son identité. « To be or not to be… »

Ma modeste analyse aura, elle aussi sans doute soulevé des remarques et des critiques, je serais heureuse d’obtenir quelques réponses... Ma curiosité naturelle serait satisfaite !

[seguret]

merci Michèle de cette analyse.

Effectivement, j'ai placé beaucoup de symbole dans ce montage.
Etre maître de sa vie est très difficile à cause de beaucoup d'événements qui influencent celle-ci. Heureusement d'ailleurs que l'on ne maîtrise pas tout. Mais on arrive à aller à peu près où l'on souhaite si on apprend à ramer sur son bateau.
Ce personnage entre Pinocchio et Peter Pan est très mal à l'aise, assez perdu. Il m'a été inspiré par des personnages proches de moi et un peu par moi-même évidemment.
Qu'il est difficile de ne pas être une marionnette.