L'analyse de Michèle Paret :
Quarante ans déjà et même un peu plus… Que reste-t-il de cet événement majeur du XX ème siècle que représenta Mai 68 ? Tous les gens de ma génération en ont gardé un souvenir marquant. Pour ce qui me concerne, j’étais étudiante à Nanterre à ce moment-là , un peu en dehors de ce qui se passait, étudiante, sans doute trop appliquée, un peu en dehors des mouvements politiques, je me suis rattrapée depuis… il fallait avant tout penser au succès aux examens. A l’époque, la majorité, on ne l’avait qu’à 21 ans, je ne l’avais pas atteinte et j’étais encore trop jeune pour oser affronter des parents pourtant « bien pensants ». Je me souviens très bien des amphis de la fac, bondés, enfumés et de tous ceux qui y écoutaient Cohn-Bendit.
Oui, mai 68 a changé quelque chose dans notre société, on y croyait au changement ! Il ne faudrait pas revenir en arrière.
Jean-Jack Abassin a fait un beau travail de recherche tant au niveau reportages sonores que photographiques. L’ensemble est construit avec beaucoup d’habileté et de justesse. Les slogans scandés par les étudiants et les ouvriers unis dans un même espoir de changement, on ne les a pas oubliés. Oui, les images ont vieilli, elles ont 40 ans de plus, mais elles étaient de très bonne qualité et l’auteur les a bien sélectionnées.
Le choix de la chanson de Claude Nougaro « Paris mai » qui revient plusieurs fois est judicieux.
Admirons le symbole et le très bel effet du foulard rouge, seule tache de couleur dans ce montage en noir et blanc
J’ai été particulièrement frappée par le ton des commentateurs radio au cours des manifs qui n’avaient rien d’un folklore, il y a eu assez de blessés et d’arrestations. Par moments, ils s’emballent comme on le ferait en commentant une rencontre sportive…
C’est une belle rétrospective des événements de mai 68. Dommage que l’auteur n’ait utilisé que des documents d’archives et dans les textes dits, la voix de la narratrice n’est pas convaincante. L’ensemble manque peut-être un peu d’éléments personnels.
Cependant, tous les anciens de ma génération n’oublieront jamais… tout cela n’a pas été fait pour rien !