"La grande prairie" de JP Petit et J van de Weerdt

[MP_DCcn]

"La grande prairie" de JP Petit et J van de Weerdt

L'analyse de Michèle Paret :

Lorsque j’avais vu ce diaporama pour la première fois, je n’avais pas été du tout emballée, je l’avais trouvé long, très long, presque ennuyeux… Cela est imputable à mes connaissances lacunaires en matière de peinture. Oui, l’art en général m’intéresse, mais je suis plus attirée par la musique et la littérature, on ne peut pas être parfait !!!! (Rires). Je savais qu’une exposition Edward Hopper attirait beaucoup de visiteurs à Paris, mais je n’y avais pas prêté plus d’attention que cela.
Des reproductions de tableaux, voilà ce que j’y avais vu au départ.
Et puis, je me suis un peu plus plongée dans le sujet, et surtout j’ai vu « La solitude et le silence », deuxième volet de la rétrospective Hopper, oeuvre de Jean-Paul Petit, qui pour moi, a été une excellente introduction, même s’il est sorti après. Mais oui, on a besoin d’initiation. J’ai mieux compris le message de « La grande prairie » illustrée parfaitement par le titre et le sujet du second diaporama, ce que j’ai profondément ressenti.
« La grande prairie », c’est vraiment un grand diaporama, autant pour ce qui concerne les images, le texte que le montage.
J’ai été particulièrement emballée par les mouvements de l’image et dans l’image, au mélange de réalité et de reproductions de tableaux. Ceux-ci sont très bien insérés dans ce qu’on peut voir dans cette magnifique demeure conçue par Le Corbusier. L’ambiance de silence et de solitude est sensible tout au long du montage.
J’ai particulièrement aimé le passage subtil des vues réelles à celles des tableaux, leur présence dans un cadre, sur cette tapisserie à fleurs, quelque peu vieillotte en parfaite adéquation avec le texte. On passe de la réalité à la création artistique sans s’en rendre compte. C’est un magnifique voyage dans la peinture de Hopper, on y entre physiquement.
Le texte, venons-en à lui : il est excellent, dit par deux superbes voix féminines qui le servent à merveille et je trouve cette idée de conversation téléphonique entre deux sœurs, à la fois éloignées géographiquement et proches par le cœur, particulièrement ingénieuse. Le contenu de leurs propos coïncide tout à fait avec les concepts de silence et de solitude. Connivence entre les deux femmes et malaise intérieur que nous pouvons tous ressentir dans notre propre vie.
Dommage que le nom de l’auteur de ce superbe texte, en l’occurrence Jacques van de Weerdt, n’ait pas été mentionné au générique de début, car tout au long du diaporama, qu’il en excuse mes doutes quant à ses talents littéraires, je me suis demandée où ce texte avait bien pu être « pêché » tant il est bien rédigé.
La musique, elle, avec ses accents quelque peu nostalgiques, est discrète, parfaitement choisie, pas envahissante. Elle souligne le texte et les images. Superbe travail en amont et aussi de montage.
Je me permets au passage de réagir au message envoyé par Patrick Lemaire « Le premier montage qu’on peut regarder les yeux fermés » je le cite… Cette réflexion m’a choquée : oui, la bande son est excellente, mais peut-on faire abstraction des images, de ce ballet entre rêve et réalité, silence et solitude ? Sûrement pas. Si c’était le cas, il s’agirait d’une pièce radiophonique et non d’une séquence audiovisuelle…

[Mélisa]

Un travail remarquable et un bel hommage à l’œuvre d'Edward Hopper !

Vous avez pris le parti d'une plongée réaliste, sans «distanciation», au cœur d'une histoire. Ainsi on se retrouve circulant dans l'univers des personnages, témoin de l'épanchement de cette femme retranchée dans la solitude et la mélancolie.

J'ai trouvé le montage un peu long et sans possibilité de recul : je me suis sentie plus «voyeur» que spectateur, mais parfaitement en phase avec le regard du peintre qui scrute sans scrupule ses modèles féminins et s'insinue dans leur intimité... Bravo !

[argane]

chapeau!!! une merveille d'étude de ce peintre et une transposition délicate tant en enchainements qu'en musique et comme ces voix sont bien agréables . belle initiative !
merci pour cette visison

[Patrick Lemaire]

Bonjour Jean-Paul, Bonjour Jacques, J'étais tombé sous le charme de ce diaporama à l'écriture cinématographique lors du festival de Chelles et je prends plaisir à le revoir et le faire partager. Le côté "voyeur" peut déranger, certes ; c'est le risque et c'est ce que j'aime dans une réalisation. Je sais que tous les 2 êtes très attachés à la bande son ; celle-ci est particulièrement soignée et riche ; elle seule est un chef d’œuvre : le premier diaporama qu'on peut regarder les yeux fermés.

[oldjack]

Jacques van de Weerdt

Merci, Michèle, pour ton honnêteté intellectuelle. Certain membre du jury d'Epinal 2012 m'a fait la même remarque un an après, mais lui, justement, il était dans le jury et semble ne pas avoir regardé l'écran durant les projections... Faut dire qu'il avait de la distraction dans son équipe !
Le raté d'Epinal fut, pour Jean Paul et moi, une douche glacée qui nous laissa K.O. durant de longs mois.

Merci donc à toi et à ceux qui t'emboitent le pas, cela nous rend le courage de recommencer à travailler

Jvdw

[Paret Michèle]

Dis-moi, Louijan, pourquoi ce jugement hâtif sur les associations d'auteurs ? Dans le monde du diaporama, il existe des couples "mythiques" à qui le travail en commun réussit, a priori. J'en connais au moins un (sourire)... Les M&M's !

[rab]

Dès que je l'ai découverte, "La Grande prairie" fut pour moi un véritable enchantement, car j'appréciais depuis longtemps l'oeuvre de Hopper, et d'emblée, je me suis retrouvé au coeur de tout ce que j'aimais dans cette oeuvre, la violence colorée de la mélancolie et de la solitude. Le texte est parfait, comme l'interprétation. J'ai été révolté par le jugement d'Epinal, d'autant que le président du jury a eu l'outrecuidance de faire à tous les auteurs présents le reproche de ne pas accorder assez d'importance au son, alors qu'il venait d'ignorer superbement dans son palmarès une bande-son parfaite, au point, comme le suggère Patrick Lemaitre, qu'elle pourrait se suffire à elle-même. C'est bien là tout le problème de la bande-son. Si l'on est pas un peu expert (apparemment, personne dans le jury ne devait l'être, pas plus qu'en histoire de la peinture), la bande-son peut être oubliée, puisqu'elle est là pour servir les images. Elle apporte au spectateur un confort qui lui permet d'être subjugué par ce qu'il voit. A contrario, si elle elle mauvaise, plus rien ne passe. C'est là seulement que l'auditeur moyen se rend compte que c'est important, le son! Mais dans combien de montages la bande-son ne sert qu'à combler le silence!