"Les murs de leur passion" de Gigou Laure

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[Laure]

Je voudrais apporter quelques lumières sur ce montage. J'étais à l'époque en activité et l'Université Paul Valéry, me demandait d'intervenir, trois ou quatre heures par an, auprès du master du Patrimoine pour expliquer mon métier de conservateur. Par la suite, une étudiante Émilie Sieso choisit comme stage, une proposition du maire de Frontignan de faire une étude sur l'usine à soufre qui allait être démolie pour laisser place à des habitations. Le site n'était pas accessible normalement mais en franchissant certains obstacles, on pouvait y pénétrer. Émilie fit ses interviews d'ouvriers. On apprit ainsi l'utilité du soufre pour soigner les vignes. Et ce soufre même s'il était désagréable n'était pas dangereux et le jaune de certains murs était merveilleux. Émilie m'a contactée pour me faire visiter l'usine et me demander de l'aider dans son mémoire. J'ai donc visité avec elle l'usine et j'ai été émerveillée par les fresques qui ornaient certains murs. Je lui ai donc conseillé d'ajouter à son mémoire une rubrique sur l'après usine, avant sa totale démolition. J'avoue que je ne connaissais pas ce milieu du graff que j'imaginais très marginal et peu fréquentable. Emilie se mit en contact avec la mère d'un jeune graffeur. Elle était journaliste au Midi Libre à Sète. Et celle-ci nous fit rencontrer quelques graffeurs que j'ai pu interviewer mais dans des conditions très difficiles. Ils voulaient garder l'anonymat et n'étaient pas prêts à être enregistrés dans une salle d'enregistrement. Je suis retournée plusieurs fois à l'usine et j'ai pu voir les week-end les auteurs des grandes fresques qui se sont laissé photographier. C'étaient en réalité des élèves de l'école des Beaux-Arts de Montpellier. Il fallait avoir le moral car toute fresque achevée était une semaine après recouvertes pour laisser la place à une nouvelle fresque. Emilie fit une exposition, les interview des ouvriers furent projetés ainsi que le montage sur les graffs. Une belle aventure et une amitié qui se poursuit avec Émilie.