"Les amants du Pont de l’Académie" de Christian Arzalier
L'analyse de Michèle Paret :
Au début de ce diaporama, on peut croire que l’on va se retrouver une fois de plus dans un montage traditionnel sur Venise : les canaux, le Pont de l’Académie, un jeune couple qui demande à un autre touriste de le photographier pour immortaliser son passage dans la ville des amants. L’évocation de l’enfance et de l’adolescence de ces deux jeunes passées dans une cité de la région parisienne nous conduit aussi sur une fausse piste.
Mais bien vite, on comprend que le sujet est grave. Les deux personnages, on ne les voit que de dos, ils n’ont pas d’identité, ils deviennent un symbole : celui de l’entente et malheureusement aussi celui de la discorde.
1992 : année fatale et tragique pour l’ex Yougoslavie, la guerre civile déchire la nation et sépare des familles entières. L’appel du sol et du sang fait rentrer au pays les parents des deux amants. L’une est serbe, l’autre croate… Ce n’est malheureusement pas une fiction. L’amour réunit le jeune couple à Venise, pour de courtes retrouvailles. Le Pont de l’Académie, c’est aussi celui de Mostar, trait d’union entre les deux rives du fleuve et les deux ethnies. Le jeune homme tombera sous les balles ennemies au pied de ce pont et elle restera, figée sur l’autre pont, de l’autre côté de l’Adriatique. Ils se seront perdus chacun sur un pont.
Quelle connerie, la guerre. Peut-on encore croire à la nature généreuse de l’Homme ? Il se détruit lui-même.
J’ai beaucoup apprécié ce diaporama pour la force de son texte et la noble cause qu’il défend. Chaque mot est pesé, lourd de sens. Même si les idées qu’il fait passer semblent couler de source, il faut oser le dire, oser prendre parti et ne pas hésiter à dénoncer la bêtise de ces humains qui se prennent pour des créatures supérieures. Si l’animal est un prédateur, c’est pour sa survie. L’Homme, c’est consciemment qu’il tue.
La musique est très bien choisie, d’ailleurs Goran Bregovic est originaire de Sarajevo, de mère serbe et de père croate. Est-ce un hasard, si Christian Arzalier a choisi ce compositeur ?
La voix me convainc toujours, mais l’enregistrement aurait pu être un peu plus soigné. C’est parfois un peu sourd et nasillard.
Un reproche… de taille.
Les images sont des scans de diapositives, pas très bien réussis. Quel dommage !!! Il y a du travail à faire pour améliorer cela. Le diaporama le mérite.
Christian Arzalier n’est d’ailleurs pas le seul diaporamiste à qui on peut adresser ce reproche. N’oubliez pas que tout diaporama numérisé est susceptible d’être projeté en salle sur grand écran… et alors, il faut des images parfaites. Il ne faut pas se contenter de scanner, il faut ensuite retravailler chaque image. C’est vrai, c’est long et fastidieux, mais l’enjeu en vaut la chandelle.