"SDF" de Michèle Beucher
L'analyse de Michèle Paret:
Voilà un "beau" témoignage de ce que nous pouvons malheureusement voir tous les jours à deux pas de chez nous… Des hommes, des femmes dans le pire des dénuements, seuls, ayant perdu tout repère et toute dignité, condamnés à faire la manche. Les images prises par Michèle Beucher sont très touchantes, elles traduisent bien son émotion et celle que peut ressentir le passant lorsqu'il croise ces personnes dénuées de toute ressource. Elle a réussi à faire de superbes portraits de ces personnes en marge de la société. La faute à qui ? Leurs témoignages sont eux aussi poignants, l'auteure a enregistré leurs propos, ce qui rend l'ensemble encore plus réaliste. Comment ne pas se poser de questions en assistant à une telle misère, celle que l'on peut croiser tous les jours ? J'ai apprécié les portraits pour leur qualité, les sentiments de compassion qu'ils peuvent faire naître. Je regrette simplement que le rythme de leur passage soit un peu lent. Peut-être L'auteure n'en avait-elle pas assez ? Ce diaporama est certainement le fruit d'un long travail d'approche et de connivence avec ces personnes que beaucoup d'entre nous n'osent même pas aborder. Le choix de l'interview est fort judicieux et plus poignant qu'un récit par une tierce personne. Quelques reproches cependant : le problème de l'exclusion n'est pas traité assez en profondeur à mon avis, on reste à sa surface. L'alcool, la drogue, la maladie sont évoqués. Pour moi, ils ne sont pas la cause de la déchéance, mais plutôt sa conséquence. Lorsqu'on n'a plus de travail, plus de repères, il est facile de glisser dans les bas-fonds. Les raisons profondes de l'exclusion ne sont pas assez évoquées. J'aurais aimé que Michèle Beucher prenne position elle-même à la fin de son diaporama, qu'elle accuse ceux qui doivent être accusés, les responsables de cette misère et de cette déchéance. Là , il n'en est pas question et c'est dommage. Ces portraits de SDF nous font réfléchir, nous émeuvent, peuvent remettre en cause certaines de nos certitudes, mais sommes-nous responsables ? Le diaporama se termine sur des paroles d'espoir, d'encouragement qui montrent que Michèle Beucher a établi des liens avec ces personnages marginaux et que tout n'est pas perdu pour eux. Ce ne sont pas tout à fait des épaves, comme on pourrait le croire. J'ai aussi aimé le générique du début avec des mots très forts commençant par ces trois effroyables lettres : SDF.