L'analyse de Michèle Paret :
Une grande partie des personnes qui fréquentent le site appartient à cette génération qui a vécu en direct la course effrénée que se livraient à l’époque les Américains et les Soviétiques dans la conquête de l’espace… Une période bien lointaine et révolue. Marcher sur la lune, à l’époque actuelle : est-ce vraiment essentiel ? Et pourtant, nous l’avons attendu, ce moment pathétique.
Ils étaient trois, pionniers de l’espace, partis conquérir des horizons nouveaux, réaliser ce vieux rêve de l’humanité Neil Armstrong et Edwin Aldrin seront les heureux élus. Quant au pauvre Michael Collins, il sera le
« dindon de la farce ». Toute sa vie il restera l’éternel frustré et on peut aisément le comprendre. « Un petit pas pour l’Homme et un grand pas pour l’Humanité »… Il aura simplement eu le droit de voir ses deux compères marcher sur la lune, alors que lui, il restait aux commandes de la capsule. De quoi avoir des regrets éternels… Parle-t-on en médecine de syndrome de Michael Collins ?
Je trouve que le parallèle avec le héros de Maupassant est fort judicieux. Et pourtant, le personnage n’a rien d’un héros, il est plutôt un homme malheureux qui vivra dans le souvenir d’une occasion manquée. Ne pas avoir franchi le pas, cependant, c’est plus ou moins une volonté de sa part, un choix, ou plutôt une marque de timidité.
Pour certains spectateurs, le rapport est peut-être lointain, encore que… Pour moi, le rapprochement entre les deux personnages est inattendu et fort judicieux. Le sentiment de frustration est le même pour les deux hommes. Le récit de Maupassant a sans doute évoqué pour plus d’un homme des souvenirs et des désirs inassouvis… Est-ce pour l’auteur une histoire vécue ?
Au départ, on s’engage sur une fausse piste, comme souvent avec Jean-Louis. On pense qu’il va y avoir un reportage sur ce fameux exploit des trois astronautes. Et puis, pas du tout, on s’embarque pour une histoire beaucoup plus réelle. Une histoire banale, au fond qui pourrait arriver tous les jours. L’ambiance à la Maupassant est bien sensible, vie de la petite bourgeoisie de province, avec sa demeure propre et nette, les rideaux, les vues en noir et blanc. Je remarque au passage que Jean-Louis dispose d’une édition La Pléiade, marque d’une certaine classe… Les vues en couleur de campagne et bucoliques sont assez banales, ça on peut le regretter.
Quant à la musique, elle me semble judicieusement choisie. « Le beau Danube bleu » employée dans
« 2001 odyssée de l’espace », ça s’imposait. L’autre morceau : « Mysteries of love », ce n’est pas un hasard, non ? La voix est, elle aussi, convaincante et en adéquation avec le texte.
Comme toujours, chez Jean-Louis rien n’est laissé au hasard.