"Nementcha – Algérie 1958" de Jean-Marie Coupriaux
L'analyse de Michèle Paret :
C’est un témoignage poignant de l’auteur qui a vécu cette guerre d’Algérie, que l’on a envoyé comme tant d’autres jeunes Français de 20 ans là -bas, de l’autre côté de la Méditerranée pour « pacifier, réprimer les troubles, à la gloire de la nation française…» Comme tous ses camarades, il ne savait pas vraiment ce qui se passait là -bas en plein désert où il a rencontré des peuplades indigènes qui ne le comprenaient pas plus que lui. Jean-Marie a attendu de longues années avant de sortir ses vieilles diapos des boîtes. 50 ans, c’est long, mais ce n’est sûrement pas un hasard, il faut bien aussi longtemps pour arriver à rouvrir cette page du passé. Malgré leur âge respectable, les photos sont de bonne qualité et j’ai admiré au passage de beaux portraits, preuve qu’à 20 ans, Jean-Marie avait déjà des talents de photographe.
Dans ce diaporama, il a mis tout son cœur, le texte ne pouvait pas être dit par quelqu’un d’autre que lui, c’est son histoire qu’il raconte. Les mots choisis sont simples, des mots de tous les jours, c’est ce qui en fait la force. J’ai remarqué cette phrase qui revient comme un leitmotiv : « Mais qu’est-ce qu’on allait faire là -bas… » avec un verbe conjugué à différents temps. Même maintenant, il ne l’a toujours pas compris et le manque d’enthousiasme pour ce combat qu’il dénonce au début, il ne l’a pas surmonté. La guerre, quelle absurdité, quelle c… Les habitants du bled ne comprenaient pas mieux que les soldats du contingent ce qui se passait chez eux, et ils ne savaient pas qui « ils devaient applaudir ». Ce diaporama est vraiment une « confession » de l’auteur, un moyen peut-être de faire sortir de sa mémoire de vieux souvenirs enfouis.
Parlons maintenant de la partie musique : je suis tout à fait convaincue de l’utilisation de la Marseillaise au début, de même que celle de la marche de la légion, mais cependant cette musique militaire est parfois un peu trop présente et elle en arrive à couvrir la voix, ce que je regrette. Des passages sans musique auraient donné encore plus d’impact au texte.
« Nementcha » a été projeté l’an dernier au Trophée de Paris et il a été apprécié à sa juste valeur par tous les spectateurs présents.