L'analyse de Michèle Paret :
« Terre d’accueil » de Brigitte Richir
Un petit air de nostalgie nous envahit au début du diaporama.
Un homme dans la fleur de l’âge retourne, 50 ans après… dans le village de sa grand-mère. Il n’y est jamais revenu et se demande bien ce qu’il va y trouver. Les souvenirs remontent à la surface. En regardant défiler le paysage par la fenêtre du train, l’homme se pose mille questions, par son monologue intérieur, il campe le cadre du sujet : un village perdu au fond de l’Allier, un village sans histoire, avec son épicerie, ses maisonnettes, ses corons où l’on n’emmenait pas les enfants (lieu maudit ou maléfique ?) sa mine aujourd’hui désaffectée et abandonnée…
Tout à coup la musique change, on entend une mélodie aux accents asiatiques, sur des fleurs de lotus. Que se passe-t-il ? Sommes-nous bien à Noyant d’Allier ? Ce village de la France profonde a été « colonisé » par des étrangers venus d’un autre continent ? L’effet de surprise est très bon.
Et là , tout bascule, on apprend que des Français d’Indochine, indésirables là -bas, souvent fils et filles illégitimes, ont dû quitter leur pays natal pour « s’expatrier » et rejoindre cette France lointaine (mère patrie ?) froide et hostile. C’est une page de notre histoire que je ne connaissais pas, pas très glorieuse au demeurant. Ces familles venues d’Indochine ont trouvé une terre d’accueil, imposée… se sont bien installées, aidées par les gens du pays dans des lieux abandonnés et parce qu’on n’avait peut-être rien de mieux à leur offrir : « un modèle d’intégration réussie ». C’est une belle leçon pour nous tous avec là aussi un message de paix et d’espoir. Sujet encore d’actualité…
Cependant, je trouve que le diaporama est déséquilibré : la deuxième partie, la plus intéressante est trop courte par rapport à la première. Sans doute Brigitte manquait-elle de photos, de portraits, c’est dommage. Le diaporama a un peu de mal à démarrer et on se demande où elle veut en venir. Certains éléments sont banals (soupe de la grand-mère, pâté de pommes de terre du dimanche... ) et auraient pu être enlevés. Il aurait fallu être un peu plus hardie et oser prendre des photos, ces personnes venues de l’autre bout du monde ne l’auraient sans doute pas interdit. J’aurais aimé les voir un peu plus dans leur vie quotidienne. Au diable la timidité, le sujet était fort intéressant et on reste un peu frustré de ne pas en avoir appris plus. C’était ça, le cœur du diaporama !
Il aurait fallu aussi que le narrateur parle sur un ton un peu moins monocorde dans la partie consacrée aux nouveaux habitants du village. La nostalgie, c’était pour le début, avec l’angoisse du retour aux sources. Mais après, il devrait se réjouir de le voir vivre ! Là , il parle trop sur le ton de la confidence.