L'analyse de Maurice Guidicelli:
Michèle, la « plume » du Site du DCCn ne peut décemment faire l’analyse d’un montage qu’elle a réalisé avec Michel, son cher et tendre époux.
Elle m’a donc « désigné volontaire » pour cela .
Et je dois dire que je suis heureux de faire l’analyse d’un montage que j’apprécie.
Tout d’abord, je dois préciser que j’ai assisté à toute l’élaboration de ce diaporama. Depuis sa version zéro, jusqu’à la version finale envoyée en compétition.
Je peux donc attester que « l’attaché-case » a été terminé bien avant que Les Enfants de Don Quichotte ne popularisent ce triste fait de société et ne médiatisent les coulisses du Canal Saint Martin….
De plus, j’ai cru comprendre que cette histoire faisait partie d’un épisode douloureux de la vie personnelle de Michel….A ce sujet, je ne peux en dire plus.
Le texte ? Il est de Michèle.
Les images ? Elles sont de Michel.
Inutile donc d’en dire long là aussi. Les références sont synonymes de qualité, c’est évident pour tous ceux qui connaissent d’autres montages des Parets.
Je soulignerai seulement trois caractéristiques du texte de celui-ci :
Tout d’abord la lente dégradation du langage qui accompagne la déchéance du cadre supérieur devenant « déchet de société ». Bien vu Michèle ! Ce langage « qui n’est pas le notre » mais que nous avons tous peur d’acquérir, contribue grandement à l’émotion dégagée par ce montage.
Ensuite la fixation sur un objet ( ici la mallette attaché-case) comme moyen de résistance à la déchéance, à la folie qui gagne un esprit diminué par l’agression du regard des autres et du mépris de soi …Et un corps diminué par les agressions que constituent la faim, le froid, le manque d’hygiène.
Enfin, la phrase de chute, en fin du montage : « Antoine Gérard, c’était moi ». Epilogue de la déchéance. Mort annoncée.
Après avoir vu son existence niée par les autres, et à cause de cela, Antoine Gérard en arrive à nier sa propre identité. L’Enfer ce ne sera plus seulement « les autres », l’Enfer, ce sera aussi « moi » ! E finita la comédia ! Le rideau peut tomber !
Sur la vie du pauvre Antoine Gérard et sur le montage des Parets ! Affreux !
A remarquer que cette phrase « Antoine Gérard, attaché commercial, c’était moi ». a déjà été prononcée au cours du montage : Lorsque le cadre supérieur apprend son licenciement et ne se doute pas encore de la dérive que cela va entraîner pour lui. Cette phrase encadre donc l’épisode de déchéance. Tout d’abord pour énoncer la simple négation de la fonction sociale d’un individu, puis, en deuxième fois ( et en final) pour énoncer la négation globale de l’individu.
Là encore, bravo Michèle, pour la qualité de construction de ton texte !
Les images de Michel sont regroupées en séquences. Et ces images sont fonction de la construction de la séquence donc des effets de transition utilisés.
Exemples de 3 séquences :
Séquence du « métro » : Utilisation du volet droite-gauche (ou gauche-droite) avec bords atténués.
Ici, l’effet sert à montrer la course du wagon entre deux stations. A noter l’image fugace de deux SDF sur un banc de station, image si fugage que l’on peut supposer qu’ Antoine Gérard, alors cadre commercial heureux , ne la verra même pas…. Ainsi que les publicités proposant des vacances idylliques ….Contrastes d’une Société… !
Séquence de la maison familiale : Fondus lents et une superbe troisième image : objectif d’appareil photo - médaillon de photo de mariage. Et cela jusqu’à la « mise à la porte » signifiée par un brutal volet descendant assimilable à un couperet de guillotine !
Et sur quelle image s’abat ce couperet ? Sur l’image d’une mallette attaché-case occupant pratiquement le quart de l’écran sur un fond constitué par la porte d’entrée du home, sweet home ! Porte d’entrée ou plutôt, dans ce cas, porte de sortie !
La transition suivante : Encore une troisième image entre un dérisoirement sarcastique « welcome » et un personnage de fresque, tête en bas, en position de chute !
Entre parenthèses, bravo pour avoir trouvé cette fresque à la devanture d’un magasin. Cette fresque contribue grandement à la symbolique du thème. Elle reviendra d’ailleurs à intervalle régulier tout au long de la déchéance ….
Séquence des eaux du canal, l’hiver : Fondus longs. Images traitées à la façon de tableaux modernes abstraits, très légèrement floutées. Images signifiant la confusion…. Elles reviendront ensuite, ces images, et constitueront les deux dernières vues du montage avant le noir final.
Le « noir final » !
Reste à souligner enfin les qualités de la bande-son. Que ce soit celles de la voix du comédien narrateur ou celles du violon venant souligner, parfois de façon grinçante, la fin des différentes séquences.
Un bien beau montage ! Sur un thème douloureux et d’actualité.
La crise et la récession qui s’annoncent ne vont pas, hélas, lui faire perdre cette actualité.
Comme beaucoup de diaporamistes, les Parets ont commencé par des montages constitués à partir d’ images de voyages. Mais le numérique a bousculé les choses…
Avec leurs derniers montages, Michèle et Michel nous prouvent qu’ils sont tout aussi à l’aise dans la construction de montages à thèmes différents .
Oui, un bien beau montage que le Site du Dccn est fier de proposer !