"Le chêne" de Roger Banissi et Gilles Adiba

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"Le chêne" de Roger BANISSI et Gilles ADIBA


L'analyse de Michèle Paret:
Un conte ? Une fable ? Une parabole ? C'est ainsi que commence cette histoire : la vie de ce jeune chêne vigoureux.
Il semble devoir couler des jours heureux même si tout petit il a été coupé de ses parents.
Triste histoire, pas si légère que certains semblent le croire au début. Assistant plusieurs fois à la projection publique de ce diaporama, j'ai toujours été choquée par la réaction et les rires du public au début : des images de pendus sur un texte en parfait décalage : "Les hommes savaient s'amuser sainement…"
Comment prendre cela au premier degré ? Pour ce qui me concerne, je m'attendais à quelque chose de tragique, il ne pouvait en être autrement et je ne m'étais pas trompée. L'être humain est mauvais par nature, qui peut le nier ? Le message est clair et net.
Ce diaporama en est une belle illustration. Il est court, percutant, saignant. Qui peut critiquer le message qu'il véhicule ?
Roger Banissi a fait là un travail remarquable. Son texte, ses dessins illustrent à merveille le thème abordé, c'est une réussite dans le genre. Personne ne peut ignorer ce qu'il veut faire passer : les dictateurs, les tortionnaires, il y en a eu, il y en a encore et il y en aura sans doute encore, c'est ce que suggèrent les points de suspension à la fin de la longue énumération qui termine le diaporama.
Pour ma part, j'ai regretté que celle-ci porte ombrage aux dernières paroles, deux alexandrins me semble-t-il :
"Toi qui cherches une place où dominer le monde,
Garde-toi de tomber dans une tâche immonde…"
un univers digne de Bertolt Brecht, porteuses du message de tout le diaporama. Il me semble difficile de lire et d'entendre en même temps un message aussi fort. Il aurait fallu les dissocier. Il est pratiquement impossible de se concentrer en même temps sur un texte aussi fort et des images qui défilent. La liste des noms aurait dû apparaître seule. Ce diaporama a beaucoup d'impact et je tiens à souligner la grande qualité de la bande sonore. Gilles Adiba a accompli là un travail remarquable par le choix des musiques associées à des bruitages en parfaite adéquation. Elles accentuent le texte et les images.
Ca grince, ça gémit, c'est remarquable.

[Gilles ADIBA]

Lorsque Roger m'a remis son projet, je me suis demandé à quoi j'allais aboutir et surtout si j'allais aboutir.

Après plusieurs visions, il m'est finalement apparu que la bande sonore devait installer le spectateur progressivement dans un état de mal être, et qu'elle ne devait pas le lâcher dans ce sentiment jusqu'au moment de la conclusion. Je voulais vraiment l'étouffer dans cette atmosphère.

Dans mon esprit, il ne pouvait s'agir que de musique du XXe siècle, malgré l'époque dans laquelle se déroule le scénario. 2 compositeurs me sont apparus comme évidents: Chostakovich et Schnittke. Le violoncelle du premier ne s'est pas révélé assez "perturbant" phychologiquement.

Le 3eme concerto pour violon d'Alfred Schnittke, compositeur russe décédé en 1999, a répondu à toutes mes attentes. Tout au long de ces trois mouvements se dégagent différents climats qui correspondent parfaitement aux climats du sujet traité par Roger. J'ai pu largement puisé dans chacun de ces trois mouvements sans pour autant suivre la chronologie du compositeur.

J'ai pensé egalement bruité chaque dessin en hésitant quelque peu car je me suis demandé si cela ne ferait pas trop "cliché" ou ne paraîtrait pas "téléphoné". Mais il fallait que les bruitages participent à l'installation de cette atmosphère crispante, voire angoissante (hâche, hurlement, corbeaux, glas,......).

Hormis le concerto, il y a deux autres ornementations musicales très brèves, qui, dans mon esprit, sont des bruitages (et non pas de la musique) personnalisant le meuble et le voilier. C'est pour cela que j'ai demandé à Roger, ne pouvant pas les omettre du générique, de les désolidariser du titre du concerto et de les faire figurer dans une police de caractères plus petites (pas assez à mon goût).

Un dernier truc: les derniers traits de violon dans la conclusion sont mixés 4db plus haut que le reste de la bande sonore pour accentuer le malaise du spectateur. Ce qui m'a posé problème, car comme le souligne Michèle, 3 points forts se concentrent au même moment: "la dernière phrase" primordiale, "l'énumération" écrite et cette musique grinçante qui devient de plus en plus insupportable et qu'il ne faut pas soulager pour ne pas lâcher le spectateur.

Merci encore à Roger de m'avoir confié une nouvelle fois son projet à sonoriser et de m'avoir laissé toute liberté pour le faire.
Car comme je le dis souvent, ce qui me plaît le plus dans le diaporama c'est la confection de la bande son et non pas celle des images
.... et je sais que là encore je fais grincer des dents.

[Morris .]

Bravo Gilles pour cette bande son, une des plus remarquables que j'ai "fréquenté" de ma (longue) vie de diaporamiste...
Merci d'expliquer ton "travail".

Et n'hésite surtout pas à dire que le Diaporama créatif ce n'est pas que les images ! Nous sommes nombreux à l'affirmer.
Le Diaporama est une alchimie qui ne peut se résoudre à une seule de ses composantes !

[Bergamote]

Patience et longueur de temps font plus que force ni que rage………

Quel plaisir ce matin, lors de ma séance de jogging digital, de tomber sur ce magnifique diaporama. A la seule vue de son nom, je fus saisi d’une grande joie.
J’avais déjà eu l’occasion de voir ce petit chef d’œuvre à deux reprises, lors des festivals de diaporamas numériques d’Epinal (88) et de Hayange (57), où il m’avait fait une très forte impression et je désespérai de ne pas le trouver sur le Net.
C’est pour moi le prototype du diaporama réussi. Tout y est. Un scénario d’enfer (….), un zeste d’humour, grinçant bien sûr, mais d’humour quand même, si rare sur nos écrans par les temps qui courent. Le choix des illustrations et la patte additionnelle d’un artiste. Tous les curseurs sont au bon niveau : choix de la musique, voix, débit, graphisme ; quant au thème, no comment…... En un mot : du grand art ; on en redemande…..

Certains regretterons qu’il ne comporte pas de photos et hésiterons à le classer dans la catégorie des diaporamas. Ce serait à mon avis une erreur. Cette richesse des genres et des modes de mise en œuvre font toute la richesse de ce mode d’expression qui trouve ici un défenseur de talent.
Un seul regret, pour ne pas tomber dans le cirage de pompe. Le fait, inhabituel, de ne pas permettre la mise en plein écran gâche un peu le plaisir. De nombreux diaporamas n’atteignent pas la résolution optimale de chaque « spectaeur », du fait de la divergence croissante des configurations des uns et des autres. Mais il est regretable que ce bel objet ne puisse pas au moins s’afficher sur un fond noir et que les beaux dessins de Jacques (Callot) et de l’auteur se voient ainsi parasités par les patés de Bill (Gates)………
Merci à Laure et à Maurice (et, bien sûr, et en premier, à l’auteur…..) d’avoir mis ce petit bijou en téléchargement. Il figure dés à présent dans mon Top Five, comme ils disent dans le poste…..
Amicalement,
Bergamote