"Savimby the best" de Jacques Van de Weerdt et JP Janssen
L'analyse de Michèle Paret :
Merci de nous avoir confié ce diaporama et de permettre à tant de visiteurs de pouvoir en goûter l’impact et la qualité. Dégustons-le sans modération.
« Savimby », c’est déjà un vieux montage, mais malheureusement, il reste d’actualité. Je l’apprécie pour le message qu’il transmet, son caractère universel. Chaque fois que je le vois, et aujourd’hui encore, je ressens la même émotion, le même sentiment d’injustice.
Que s’est-il passé au pays des mille collines, ce n’est pas dit clairement, mais une catastrophe est arrivée, une de plus, et ce n’est pas la dernière… « On est trop ! »
Ce diaporama est très bien construit, tout repose sur l’opposition hommes blancs, hommes noirs, nantis et pauvres.
La voix du narrateur sait bien faire passer les émotions. Lorsqu’il évoque les jeux des enfants : « les petites conneries de jeux de gosses », il prend un ton enjoué, il rit, ce rire peut éventuellement agacer certains, mais il accentue le contraste entre ces petites voitures, ces squelettes de fil de fer bricolés par de pauvres gosses quelque part en Afrique et la misère dans laquelle ils vivent. Le rêve ne connaît pas de frontières et il est offert à tous.
Ils rayonnent, ces enfants qui ont su tirer parti de la moindre bricole pour construire des autos avec lesquelles ils organiseront une course. Pendant le temps de cette compétition, ils vivront, ils oublieront leur condition sociale. Intelligents, ingénieux, ces gosses des rues, aussi malins que nos enfants gâtés et habitués à l’opulence, ils pourraient même leur en remontrer. Le fils de l’homme blanc reviendra peut-être un jour avec son fils qui profitera de l’expérience des petits Africains.
Il n’y a aucune animosité du Noir envers le Blanc, de la sympathie plutôt. À la fin, il s’adresse à lui en disant : « mon frère ».
Le leitmotiv, c’est la course et brusquement, elle s’interrompt, on voit des vues du village, la voix du narrateur change, il prend un ton sérieux, le jeu est fini. Non, tous les Hommes ne naissent pas égaux… Que deviendront-ils, ces adolescents ? Qui le sait ? Il n’y a pas de discours larmoyant, on ne s’apitoie pas sur leur sort, on constate et le constat n’est pas brillant.
Le texte est excellent, Jacques a vraiment pesé chaque mot et on sent un engagement profond pour cette noble cause qu’est l’égalité entre les Hommes.
Le montage est lui aussi très bon et à aucun moment on ne ressent de lassitude en regardant le diaporama. Les séquences sont bien dosées. De la musique en introduction et en conclusion, cela suffit. Toute la force est dans la diction et dans le poids des mots. Les images ont été bien numérisées et y ont gagné en qualité. J’ai remarqué de très beaux portraits, des yeux qui pétillent, de beaux gros plans sur les petites voitures. Une ou deux photos sont peut-être un peu « justes », mais cela n’a pas gâché mon plaisir.
Savimby… pour moi, tu seras toujours « the best »… Mais qu’es-tu devenu depuis toutes ces années ? Tes rêves de gosse ne se sont pas réalisés, j’en suis sûre. Tu ne conduis certainement pas une Toyota, comme beaucoup d’hommes blancs, ou alors tu en possèdes une vieille que tu as rafistolée, une dont on ne voulait plus chez nous.
Savimby… mon frère, je voudrais bien qu’un jour, la vie te sourie vraiment.