Problème de conservation des diaporamas

[Laure]

Nous sommes ici dans le musée virtuel du diaporama, il est donc normal qu'on se préoccupe de la conservation de ces diaporamas.

Aujourd’hui on constate deux choses, la première, c’est que le support argentique n’est pas éternel pour plusieurs raisons :

- Ça a commencé par la disparition progressive des supports, diapositives, bandes magnétiques, cassettes…
- Parallèlement, le matériel ne peut plus être entretenu.

Si l’un des éléments tombe en panne, il faut se procurer un élément identique pour échanger la pièce défectueuse, bref du bricolage. Tel technicien spécialisé dans les magnétophones à bande dit ne plus pouvoir réparer faute de pièces de rechange.
- les problèmes de conservation se posent. Si on regarde de près les anciens kodachrome sensés se conserver plus de 60 ans, on voit que les couleurs sont « dures », très contrastées, orientées vers le rouge et le bleu et laissant peu de place au jaune… Quant aux bandes magnétiques c’est la cata… Autant il est possible, plus ou moins, de rattraper des images argentiques, autant il est impossible de récupérer un son sur des bandes trop fines ou qui pèlent dès qu’on les déroule.

Bien évidemment, il existe des structures spécialisées dans la conservation et la restauration à la fois des images et des sons, c’est ce qu’ils font depuis des années dans les cinémathèques. Mais ces structures se penchent essentiellement sur des productions professionnelles et artistiques connues et reconnues. Une sauvegarde et une restauration coûtent très cher, il faut donc faire un choix draconien et les petites productions amateurs telles que les diaporamas n’intéressent pas vraiment ces structures. Mais nous pensons les sensibiliser à notre art. Ce ne sera pas tâche facile en ces périodes de restrictions budgétaires.

De plus ce n’est pas le support qu’elles sauvegardent essentiellement. Ce support est gardé comme les grottes de Lascaux à l’abri de tout regard. Si on veut consulter ces chefs d’œuvres, ce sont des copies « remastérisées » qu’on consultera.

Il faut donc que le monde amateur des diaporamistes se prenne en main pour essayer de conserver la mémoire des diaporamas argentiques qui sont d’autant moins bien conservés que ce sont des amateurs qui les ont gardé, dans des conditions qui étaient certainement loin d’être idéales.

D’abord les images. Rien que le fait que ces images, parfois mal développées, soient conservées sous caches verre entretient un climat non renouvelé susceptible de nourrir des champignons, si peu que l’atmosphère soit légèrement humide.

Quant aux bandes magnétiques, déjà lors de l’utilisation, il aurait fallu les enrouler à l’envers pour qu’il n’y ait pas migration d’un support sur son voisin. Et encore ceci n’aurait été garanti à peu près qu’avec des bandes épaisses, professionnelles qu’on trouvait rarement en magasin. Une partie de la collection de la fédération photographique de France est absolument illisible car réalisée avec des bandes scotch triple longueur. Le pire support qu’on puisse envisager.

Bref ! tout support argentique amateur est en grand danger de disparaître.

Et de plus le fait que le matériel de projection, lui aussi, devienne obsolète entraîne petit à petit l’impossibilité pour un amateur d’assurer une projection argentique.

Nous allons en arriver aux démonstrations de foire qui présentent des anciennes lanternes magiques. Et le temps n’est pas si lointain où ce matériel était encore en pleine activité, même pas dix ans !

De plus les progrès du numérique permettent à présent d’assurer des projections de qualité qui n’ont pratiquement rien à envier aux projections argentiques.

Il est temps de songer à sauvegarder nos trésors argentiques en les numérisant !

J’entends bien que le support numérique lui aussi a ses limites, on connaît les crashs d’ordinateur, de disques durs, les limites de conservation des CD… Mais le numérique pour peu qu’on soit attentif à conserver plusieurs copies sur plusieurs supports peut permettre de conserver ces diaporama argentiques.

Il faut cependant veiller à conserver les images scannées avec la plus haute définition possible. On ne sait pas où va évoluer le numérique. Au début du diaporama numérique les projections se faisaient en 1024 X 768, maintenant on en est à 1920 X 1080, mais en resterons nous là ? D’autre part, le .exe est-il un point final de la numérisation ? Ne va-t-on pas évoluer vers une autre forme de fichier ? Je n’ai pas les réponses et je m’interroge.

En revanche, je sais que si on ne numérise pas maintenant et de façon urgente les diaporamas argentiques, ceux-ci vont disparaître. Or c’est la mémoire du diaporama qui est en question. Le diaporama a fêté ses 50 ans et nous avons déjà perdu ses balbutiements. Certains grands diaporamistes ne sont plus de ce monde et même si certains diaporamas nous paraissent aujourd’hui bien lents et manquant de rythme, ils sont intéressants par leur démarche et l’état d’esprit de leur créateur. On regarde encore des films muets. Il y a même des Charlot ou des Laurel et Hardi qui sont présentés à la télévision, sans parler des chefs d'oeuvres sublimes en noir et blanc. Il n’y a aucune raison de rejeter les productions de ces premiers diaporamistes.

Quand on veut faire une carrière dans la peinture, toute école des Beaux-Arts, doit vous donner des leçons d’histoire de l’art en découvrant les œuvres du passé. Pour le diaporama c’est la même chose. Mais pour cela, faut-il pouvoir visionner ces diaporamas. C’est un des buts de cette démarche.