Je ne ferai pas une analyse " littéraire " du montage réalisé par les M&M's du diaporama français....
Les textes de Michèle ? Du fait de leur constante qualité, il y a peu de choses à en dire ! Sinon souligner cette constante qualité ...Les images de Michel ? ?...Elles sont toujours soignées.....
Je voudrais simplement m'attarder, dans cette analyse, à l'écriture diaporamistique de ce montage car c'est cette écriture qui, à mon avis, lui donne sa force. Je devrais plutôt dire, m'en a fait découvrir la force....
En effet, je n'avais pas particulièrement apprécié ce montage, lors de ma première vision ( à Hayange en 2001, si mes souvenirs sont exacts). Je dirai par la suite les réticences que j'avais éprouvées lors de cette première vision.....
Il m'a fallu en effet revoir ce montage plusieurs fois pour découvrir toute l'importance donnée par les auteurs à sa " construction ".
Je passe rapidement sur l'adéquation des images aux moments forts du texte, en n'en signalant que certaines d'entre elles, significatives :
L'image phallique accompagnant les " vagues de délices ". La rondeur et la plénitude des fruits du désert, associés aux fruits des entrailles... L'ombre mystérieuse de certains orifices....embroussaillés....et autres images....
Ce DCCN commence par une courte introduction, avant l'apparition du titre " ELLE".
Cette introduction est constituée de plusieurs images rupestres évoquant la féminité. Or ces images sont les seules du montage à montrer autre chose que du sable...Elles montrent du rocher bien compact, solide !
Cette introduction veut-elle souligner la solidité d'un sexe que l'on dit pourtant " faible "...
Je pense que, consciemment ou non, la constitution de cette introduction n'a pas été innocente pour un montage qui va être ensuite un long hymne à la féminité associée au sable...Solidité malgré la fluidité? Solidité qui fait que sans " Elle ", l'autre peut " couler " ?
Le corps de ce montage se caractérise par l'emploi de nombreux effets de " cut " ( transition instantanée).
Or l'emploi d'une multitude de cuts dans les diaporamas courts est assez rare... ( on retrouvera cet emploi dans " Cerro Rico ", des mĂŞmes auteurs....).
Je ne veux pas parler ici de la succession rapide des cuts qui accompagne l'évocation de la " tempête rageuse " et qui sont employés ici pour en signifier la violence....
Non, c'est tout au long de ce montage que l'on retrouve les cuts.
Et, le plus souvent, la brutalité d'un cut est suivie par une longue succession de fondus lents.
Ce choix d'écriture ne peut être que voulu. Ce choix souligne ce qui est le fond du montage, c'est à dire le mécanisme même de la pensée du narrateur qui entrevoit brutalement ( le cut) une image particulière de l'aimée disparue, pour s'y attarder ensuite dans la mélancolie (les fondus lents).
Un autre effet, fugitif pourtant, montre la volonté des auteurs à adapter non seulement le texte à l'image, mais aussi à l'effet de transition. Il s'agit de l'effet " volet simple descendant " à l'évocation de la " fermeture des paupières " c'est à dire à la disparition de l'être aimé...
Et autres effets que je vous invite à découvrir, par vous-mêmes....
J'ai dit que je n'avais pas particulièrement aimé ce montage à ma première vision et qu'il m'avait fallu plusieurs visions pour en apprécier la construction !
C'est qu'en effet j'avais été réticent à certaines images, manifestement elles aussi , trop bien " construites " !
Le coeur formé par la tige végétale et son ombre.... Le spermatozoïde trop bien agencé....et d'autres...
Et la " construction " de ces images , facilement décelable, elle, avait masqué " la construction " de l'écriture de ce montage, beaucoup moins évidente !.
Mais n'avons-nous pas, tous, construit nos images ? Le simple choix d'un cadrage n'est-il
pas DEJA une " construction " d'image ?
Vous savez, le cadrage du bel indigène qui élimine la montre que cet indigène porte au bras ou masque la bouteille en plastique proche de lui ? ? ?
J'ai moi-mĂŞme " construit " certaines de mes images dans certains de mes montages !
Nous faisons du Diaporama Créatif, pas du documentaire de voyage !
Et " la trace de pied" qui constitue la chute de ce montage de Michèle et Michel, en sublimant dans une même image la présence et l'absence de l'aimée, de " Elle ", possède une telle force d'évocation qu'il n'est pas nécessaire au spectateur de savoir si cette image a été ou n'a pas été " construite " !!
Nous savons tous, maintenant que " Le Baiser de l'Hôtel de Ville " a été une image " construite ". Et alors ? Cette photographie de Doisneau doit-elle être, pour cela, excommuniée ?
N'est-elle plus, pour la seule raison de sa " construction ", significative d'un " instant de bonheur " que tous, autant que nous sommes, portons au plus profond de nous-mĂŞmes ?
Merci les M&M's, pour avoir été parmi les premiers auteurs à proposer, sur ce site, un si beau montage !