LACRIMA de Ricardo Zarate
L'analyse de Michèle Paret:
Je vous conseille de ne lire cette analyse qu'après avoir regardé "Lacrima", vous perdriez tout effet de surprise et ce serait regrettable.
Un événement dans l'histoire du diaporama.
C'est une uvre d'une force indescriptible qui m'a éblouie et marquée.
Oui, le thème choque ou peut choquer, il fallait oser en parler, il ne faut pas se voiler la face : des pères, des monstres, cela existe, rarement heureusement, mais oui, cela existe.
Ricardo Zarate a traité le sujet avec beaucoup de finesse, de délicatesse, sans voyeurisme.
Le dernier mot, on le prend en pleine figure, comme une gifle, on ne s'attend pas à cette chute, d'où la force du message. Lorsqu'il résonne, on n'y croit pas, on se demande si on a bien compris ces deux syllabes brèves qui nous donnent la clef de toute cette histoire. L'auteur a pris un sérieux risque.
Tout est magnifique dans ce diaporama. Les images en Noir et Blanc, ce n'est pas un hasard - symbole du bien et du mal, de pureté et du vice - ont été travaillées. Chacune d'entre elles est un véritable tableau. Rien n'est laissé au hasard. Les peluches, le chat, les photos d'Harry Potter sont les marques de l'enfance dans laquelle la jeune fille est encore plongée, elle s'y raccroche parce qu'elle souffre. La souffrance endurée transparaît dans le texte admirablement dit, le ton devient de plus en plus haletant, on comprend que le chemin est semé d'embûches, d'obstacles infranchissables.
Tous les fondus sont d'égale longueur, mais plus on avance, moins les images restent sur l'écran. La jeune fille s'essouffle, elle suffoque, elle n'en peut plus, elle va craquer. Elle le hait, elle l'aime, mais elle ne sera jamais plus sa "petite fiancée".
La jeune fille, on la voit très peu, on l'aperçoit, assise au bord de son lit, tête baissée, éprouvée, désespérée, jusqu'au cri libérateur et libératoire. Ce diaporama ne peut pas laisser indifférent, qu'on apprécie ou qu'on n'apprécie pas l'audace de l'auteur. Philippe de Lachèze-Murel a ressenti le besoin d'y répondre dans "Laviva", un titre aux consonances voisines : "Laviva" = la vie
"Lacrima" = les larmes, le crime
ils peuvent malheureusement faire partie de la vie.
Ce montage est en Noir et Blanc
mais la numérisation le dessert. On ne retrouve pas dans les images numérisées la finesse et les nuances exceptionnelles de la pellicule SCALA utilisée pour la version argentique. Regrettons aussi un petit défaut technique : un léger bruit de fond au début de l'enregistrement du texte.