"Les larmes des cherchefs" de Maurice Guidicelli
L'analyse de Michèle Paret:
Ce voile n'est qu'un signe apparent de bonheur, il est aussi la marque d'un désarroi profond, comme le traduit si bien le poème de Muhamad el Sharafi.
Les larmes, elles sont versées autant par la femme que par l'homme qui doit l'épouser.
On penserait que l'homme peut choisir, mais ce n'est pas le cas, lui aussi, il est victime de cette tradition sans appel. "Je dois te supporter devant moi. Tu dois me supporter devant toi"… aucune place pour l'amour, pour la sensualité qui pourtant se dégage du poème.
La femme et l'homme sont tous deux victimes du destin et de la volonté des deux familles toutes-puissantes. Ceci apparaît très bien dans les deux parties du montage : plainte de la jeune femme, plainte de l'époux, cette plainte que l'on entend rarement. Chez nous, en Occident, on croit que là -bas, l'homme choisit, mais il n'en est rien. L'intérêt, la famille disposent du sort des enfants.
Je ne vois pas de défauts dans la diction des deux récitants, les deux voix, féminine et masculine, se complètent et s'accordent à merveille, chacune d'elle traduit la souffrance partagée. Chaque mot pèse son poids, il n'y a aucun terme superflu, ce qui donne encore plus d'intensité à l'ensemble. J'aime beaucoup toutes les images de fenêtres, de barreaux avec l'apparition de ces magnifiques yeux féminins qui symbolisent la prison intérieure dans laquelle les deux époux sont enfermés, victimes de la tradition contre laquelle ils ne peuvent se révolter. De ce diaporama émane une immense souffrance. On parle souvent de la condition des femmes dans la société yéménite, mais le sort de l'homme n'est pas plus enviable. Lui non plus, il n'est pas libre, il n'a pas le droit de choisir. En épousant celle qu'on lui réserve, il souffre.
C'est un superbe diaporama qui a remporté de nombreux succès mérités dans diverses compétitions. Il figurera sans aucun doute au catalogue des meilleures œuvres. Rares sont les clubs qui ne l'ont pas sélectionné pour leur gala.