"Le cercle" du Groupe des cinq ( Jacques Ramadier)
L'analyse de Michèle PARET
"Qu'est-ce c'est, l'éternité ?"
Cette question posée à brûle-pourpoint par un jeune enfant à son maître d'école sert de base à ce superbe diaporama. Elle déroute l'instituteur et le spectateur autant que l'énigmatique cercle que le maître dessine au tableau en guise de réponse. Dans le diaporama, tout tourne comme cette simple figure géométrique : ronde des heures, des saisons, des enfants, cycle de vie et de mort. Beaucoup d'images représentent des cercles : ronds dans l'eau, boucles de chemin qui viennent d'on ne sait où et qui mènent on ne sait où. La vie de l'homme fait partie du cycle de l'univers, il connaît des bonheurs et des joies aussi fugitifs que l'instant qui passe, qui expire, qui ne sera jamais plus. Le texte tourne autour de ce thème métaphysique et universel : l'instant présent, la minute expirante, les aspirations de l'homme s'inscrivent dans une ronde infernale et sans fin. Le montage lui-même est construit sur la base d'un cercle : on part d'une salle de classe, on revient dans la même salle de classe, avec le même texte qu'au début. On ne pourra jamais répondre à la question faussement naïve :"Qu'est-ce que c'est, l'éternité ?" Le cercle est sans aucun doute la plus belle définition que l'on puisse en donner et je la garderai toujours en mémoire.
La bande son a un peu vieilli : elle crache un peu, uvre du temps qui passe, mais elle est bien construite, tout coule comme le temps qui passe, comme l'eau qui continuera de couler pour l'éternité. A l'époque, en 1969, on ne disposait que de deux projecteurs
ils ont permis à l'auteur de réaliser de superbes fondus et de créer des troisièmes images. Mon seul reproche ira peut-être à la diction trop monocorde et au texte un peu trop "déclamé", mais le ton nostalgique correspond bien à l'ambiance qui émane de l'ensemble.
L'auteur n'est plus, mais l'inscription du "Cercle" sur ce site lui offre, ainsi qu'à son uvre une petite parcelle d'éternité. Son passage fugitif sur cette terre reste ainsi gravé dans nos mémoires.