"Sur la route" de Corentin Le Gall
L'analyse de Michèle Paret :
Ce n’est pas d’un seul diaporama qu’il s’agit, mais d’un triptyque, d’une trilogie, trois volets de l’histoire américaine que l’on ne peut dissocier. Impossible de commenter l’un sans tenir compte des deux autres. Ils ont un point commun : le rêve américain, symbolisé à chaque fois par une route, celle de la conquête qui doit mener à de nouveaux horizons, à une vie meilleure qu’elle soit matérielle ou plus spirituelle, voire des paradis artificiels. Le mythe du Grand Ouest est présent dans ces trois œuvres. La critique est elle aussi évidente dans les trois diaporamas : rêve, mais pas réalisation de ces désirs fous. Dans les trois diaporamas, la critique de la société est évidente et bienvenue.
L’auteur a le mérite de nous faire découvrir des pans de l’histoire des USA que nous ne connaissions pas forcément. En cela, il a accompli un grand travail de recherche, tant sur le plan textes que dans les archives photographiques et sonores. Les images d’époque se marient très bien avec les photos prises par l’auteur lui-même. La troisième partie de « l’histoire » avec les explications sur la génération beatniks, que nous avons connue pour la plupart, sont intéressantes. Qui savait exactement comment la consommation de LSD s’était répandue ?
Pour ce qui me concerne, j’ai bien apprécié la partie concernant le « dust bowl », c’est la plus ciblée, la plus intéressante et aussi la plus poignante de l’ensemble.
J’adresserai quelques critiques à l’auteur : bien sûr, elles n’engagent que moi ! J’ai parfois l’impression que le sujet n’est pas assez ciblé, on s’échappe dans des digressions. Corentin a beaucoup de choses à dire et il ne fait pas toujours bien le tri dans les informations dont il dispose. Dans « Route 66 » par exemple, les photos de motards, de camions rutilants, fort belles au demeurant, ne collent pas avec toute la partie « dust bowl ».
De même, je trouve que le débit est trop rapide et la diction monocorde, on nous donne une grande foule de détails, de dates que l’on ne retiendra pas forcément. Et puis pourquoi dire : « Je cite… » ou « Extraits… » ? Il suffirait de faire une pause dans la lecture et de varier un peu le ton de la voix. On comprendrait très bien qu’il s’agit de passages des œuvres dont les auteurs viennent d’être mentionnés.
Ces trois épisodes, pas toujours glorieux de l’épopée américaine, ont le mérite de démystifier un peu la renommée de la « première puissance mondiale ».